Bayeux. L’entreprise Factem crée des micros spéciaux pour les masques

En réponse à la crise sanitaire, l’entreprise Bayeusaine (Calvados) Factem a réagi en créant un micro unique, se portant sur un masque, et qui amplifie la voie.

Alain Dulac, PDG de l’entreprise Factem a su rebondir face à une crise sanitaire qui s’annonçait catastrophique pour son entreprise. (©La Renaissance)

Par Rédaction Le Bessin

Publié le 23 Fév 21 à 17:10 

L’entreprise Factem, située à Bayeux (Calvados), fait preuve d’un bel exemple de diversification. La société, leader en accessoire audio, travaillant étroitement avec Airbus, a su rebondir face à la crise sanitaire qui aurait dû condamner une grande partie de ses activités. En seulement quelques mois, l’entreprise a créé de toutes pièces un micro qui amplifie la voix des personnes portant un masque. Une innovation qui pourrait conquérir de nombreux acteurs de la société.

Spécialisé dans l’acoustique

En 2018, l’entreprise Factem est retenue pour équiper la totalité de la flotte Airbus. « Un des secteurs d’activité de Factem c’est l’acoustique. Notre cœur de métier, c’est la transmission de la parole dans des environnements difficiles et exigeants, en particulier l’aéronautique pour laquelle on fabrique des casques de pilote et de copilote. On livre également les compagnies aériennes au fur et à mesure que les casques doivent être changés », explique Alain Dulac, PDG de l’entreprise.

Le 17 mars 2020, l’annonce du premier confinement est un coup de massue pour la société qui voit ses activités se paralyser. « Cela s’est arrêté très brutalement puisque les avions sont restés cloués au sol. Toute la partie aéronautique s’est arrêtée », se souvient le directeur. Cette période, pendant laquelle le marché du casque est en suspens, oblige Alain Dulac à trouver des solutions.

" Passé le premier moment de stupeur, il a fallu faire preuve d’imagination et se remettre en question et essayer d’imaginer comment on allait pouvoir, non pas remplacer l’aéronautique parce que je reste convaincu que les avions vont décoller. On a réfléchi, on s’est dit que notre domaine de compétence, c’est l’acoustique, de l’autre, il y a la Covid avec le port du masque. Qu’est-ce qu’on peut bien faire avec tout ça. "

Alain Dulac
PDG de Factem

L’idée ne se fait pas attendre longtemps.

Pour être compris, on est obligé de parler de plus en plus fort

Après quelques mois de réflexion, Alain Dulac établit un premier constat. « Vous avez fait l’expérience comme tout le monde, quand vous parlez dans un masque, notamment dans certaines professions, et je pense aux enseignants, qui parlent dans le masque toute la journée. C’est la même chose pour les commerçants. Finalement, il y a beaucoup de professions où vous portez le masque en permanence. On s’aperçoit, que ce soit des masques chirurgicaux ou en tissu, que l’on est obligé de faire un effort, de forcer sur la voix pour se faire comprendre et se faire entendre. D’autant que nos interlocuteurs ne peuvent pas lire sur nos lèvres. Dans la communication, il y a une part qui est entendue et une autre part qui est lue sur les lèvres inconsciemment, on a plus cette partie-là. Pour être compris, on est obligé de parler de plus en plus fort », détaille le PDG. Grâce au savoir-faire de Factem et pour répondre à ces inconvénients, l’entreprise se lance dans la production d’un micro spécial pour les masques.

Un produit qui permet d’amplifier la voix

Au mois de mai dernier, Factem passe à l’action lance la création son tout nouveau projet. « On a développé un produit qui permet d’amplifier la voix et qui se porte au niveau du masque ». Ce micro est une véritable innovation qu’Alain Dulac décide de faire breveter.

"Quand vous avez un micro et un haut-parleur, si vous les rapprochez, vous avez un effet Larsen et cela provoque un sifflement. Si vous utilisez ça dans une classe de maternelle avec des enfants de 4 ou 5 ans et que ça se met à siffler dans leurs oreilles, c’est un peu embêtant. Nous avons déposé un brevet qui empêche cet effet Larsen." Alain Dulac

Créer et fabriquer dans les locaux de Bayeux, les premiers exemplaires sont déjà disponibles. « En réalité, nous avons développé deux types de micros : Un micro qui s’installe grâce à un système d’aimantation sur le masque. Ce sont deux parties qui se rejoignent et qui se pincent autour du masque pour ne pas que ça bouge ou que ça tombe. Et puis, parce qu’on a espoir qu’un jour, on ne portera plus de masques, un système avec un casque à arceaux, très léger qui permettra de continuer à utiliser le dispositif au-delà du fait qu’on ne portera plus le masque ».

Ce nouveau micro a vocation à s’adresser à tout un ensemble de professionnel concernés par le port du masque et l’obligation de parler toute la journée. « On rentre dans la phase de commercialisation tournée vers le monde de l’Éducation Nationale, mais pas seulement. On s’aperçoit qu’il y a beaucoup de professions qui sont susceptibles d’utiliser ce dispositif. Il est utilisé en piscine. Aujourd’hui un maître nageur qui porte un masque pour pouvoir s’adresser à ses élèves, il force un peu. Il est utilisé dans les clubs sportifs. On a fait essayer le produit à des guides. Aujourd’hui, les musées sont fermés, mais on se rend bien compte que s’il y avait une jauge, on pourrait très bien rouvrir en limitant le nombre de personnes, les guides pourraient utiliser ce système-là », annonce Alain Dulac.

Une des seules entreprises de France a proposé ce type de micro

Factem a largement su rebondir face à la crise sanitaire et les éventuelles conséquences qu’elle implique sur le monde de l’entreprise. Factem a transformé une nouvelle désastreuse en véritable opportunité.

"Ce que l’on nous demande en tant qu’entreprise, c’est d’être à la fois inventif, de réagir, de regarder les opportunités et d’être capable de se reconfigurer. C’était impossible pour Factem d’attendre que l’aéronautique redémarre, la difficulté étant que nous ne savons pas quand. Pour nous, c’est une véritable opportunité de diversification, ça nous permet de s’adresser à des marchés à qui on ne s’adressait pas auparavant. On le voit plutôt comme un bonus plutôt qu’une contrainte. Au niveau des employés, ce sont les gens qui étaient sur l’aéronautique qui sont passés sur le projet. Ça nous a surtout permis de limiter la casse et de continuer notre activité." Alain Dulac

La commercialisation du produit n’en n’est qu’à ces prémisses, mais nul doute que cette innovation devrait faire grand bruit dans les prochains mois. « Si demain, on est capable de montrer que nous sommes pertinents dans le monde du sport, de l’Éducation Nationale, dans l’aéronautique, on aura réussi notre pari de diversification », s’égaille Alain Dulac. En attendant, Factem est « à ma connaissance, une des seules entreprises de France a proposé ce type de micro breveté ».

J.C